lundi 11 janvier 2010

La gare de la discorde

07/01/2010

Le journal du Pays Basque

«Jusqu'au dernier moment, on ne baissera pas les bras» : c'est toujours déterminés que les conseillers communautaires Martine Bisauta, Jakes Abeberry, Georges Daubagna, Michel Poueyts et Bernard Causse ont réitéré hier leur farouche opposition à la LGV - contraire à la position majoritaire de la CABAB - et souligné les contradictions qu'ils relèvent dans le projet, notamment celle du «crochet» de la gare de Bayonne.

Les conseillers demandent comment la CABAB, qui exige une gare à Bayonne sur la ligne actuelle, peut recommander à toutes les autres collectivités du Pays Basque “la création d’une ligne nouvelle dont elle s’exonérerait ?” et comment, tout en soutenant le principe du gain de temps de la grande vitesse, elle veut en même temps “desservir la gare de Bayonne par un ‘crochet’ spécifique qui en annulerait les avantages” ?

Dindon de la farce

«Ce qu'on reproche le plus au vote de la CABAB, c'est le rôle que Réseaux Ferrés de France lui fait jouer, celui de `brise-front' des élus du Pays Basque» a déclaré Jakes Abeberry. «La CABAB joue contre elle-même. Elle tourne le dos à l'ensemble des élus du Pays Basque. Il paraît incroyable qu'on fasse un crochet pour arriver à Bayonne. Nous sommes convaincus qu'il apparaîtra dans quelque temps que la Communauté d'agglomération a été le dindon de la farce dans cette affaire. Le TGV ne s'arrêtera même pas à Bayonne, à part un ou deux trains. On sera comme les vaches, on regardera passer le train... Ce maintien de la gare à Bayonne fait qu'il y aura effectivement une voie nouvelle, et que les trains ne s'arrêteront pas. La CABAB joue contre le Pays Basque et contre elle-même».

Débat de fond

Si les conseillers ont dénoncé le «désastre écologique» et l' «hérésie financière» que représente à leurs yeux la LGV, ils ont tenu à placer le débat sur le terrain de la société : «Aller toujours plus vite, pour aller où, quel choix pour la société ?» a interrogé Georges Daubagna, épaulé dans ce sens par Martine Bisauta : «Il ne s'agit pas d'aller aussi vite que possible, mais aussi vite que nécessaire. Quoiqu'il arrive, les gens pressés continueront de prendre l'avion. Et on élargit l'A63 et l'aéroport de Fontarrabie. On nous dit `Il faudra trois heures pour aller à Paris'. Ce ne sera pas le cas s'il faut aller chercher le train à Dax ou de l'autre côté de la Bidassoa. Si un train passe à Bayonne au moment où vous en avez besoin, ce sera un coup de chance. La gare à Bayonne contrarie complètement la logique de tout le projet. C'est un vrai débat de fond pour les citoyens du Pays Basque de savoir vers quel avenir on se tourne».

Jean Grenet a déclaré hier n'avoir «pas de commentaire à faire sur les déclarations des conseillers communautaires», ajoutant : «Je respecte tout à fait leur point de vue et je ne le partage pas». Interrogé par le magazine Le Point en novembre dernier, le maire de Bayonne et président de la CABAB avait confié : «Pour Bayonne, 2 020 rimera avec LGV. La gare et son quartier auront été totalement modifiés. Les réaménagements de la place de la République et de la rive droite de l'Adour - avec le percement d'un grand boulevard végétalisé à deux fois deux voies - seront terminés. Cette requalification urbaine s'accompagnera d'un grand projet immobilier avec la construction de logements sur les bords de l'Adour et de bureaux côté voies ferrées».

Un avenir qui laisse perplexes les cinq conseillers communautaires : «Il y a fort à parier qu'RFF continue son intox, que sa posture actuelle n'est liée qu'à l'intérêt de ne pas perdre le soutien de tous les élus, mais que dans l'avenir cette position soit modifiée : soit pour une gare nouvelle en Pays Basque (au mieux), soit pour l'évitement complet du territoire au profit des Landes et du Pays Basque Sud».

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