jeudi 18 novembre 2010

Il faudra 17 minutes aux TGV pour faire le crochet vers la Gare de Bayonne

La LGV ne passera pas par Bayonne

17/11/2010
Pierre MAILHARIN

Quel avenir pour la gare de Bayonne ? La question fait partie des sujets brûlants adossés au projet de nouveau tracé LGV en Pays Basque Nord. Dans une interview accordée au JPB le 3 novembre dernier, Jean Grenet s'était attaché à défendre l'aménagement multimodal de «sa» station ferroviaire en prévision de l'arrivée potentielle du train rapide. Un entretien qui a fait bondir l'élue d'opposition Eliane Pibouleau-Blain (gauche indépendante), laquelle conteste point par point la version du maire bayonnais.

Sur l'ensemble de l'interview
Eliane Pibouleau-Blain (E. P.-B.) : «Jean Grenet entretient la confusion entre le `tracé de la LGV' et les TGV, de façon à laisser penser que la ligne à grande vitesse passera par Bayonne. Des TGV arrivent déjà à Bayonne. Selon le projet actuel de RFF, le tracé de la LGV, lui, ne passera pas par Bayonne. Il y aura deux crochets, qui s'appellent en réalité des `licornes'. La gare de Bayonne sera une gare de desserte, et il n'y aura donc pas de gain de temps. Il faudra 17 minutes pour effectuer le crochet. Si Jean Grenet entretient cette confusion, c'est parce qu'au final, ce sera le contribuable bayonnais qui sera ponctionné».
Jean Grenet (J.G.) : «Pour l'instant, la gare est sur Bayonne, soit agrandie, soit un petit peu déplacée [...]. La question est de savoir si un jour il faudrait construire une nouvelle gare pour les LGV les plus rapides».
E. P.-B. : «Il suffit de regarder le site Internet du GPSO (Gran projet du Sud-Ouest, www.gpso.fr) pour voir les tracés et se rendre compte que la LGV ne fera au mieux qu'un détour par Bayonne. Il est déjà prévu une `halte-légère' à Bassussary-Ustaritz».
J.G. : «Pour l'instant il est prévu que tous les LGV, même les plus rapides, passeront par Bayonne».
E. P.-B. : «Selon le projet actuel, un tiers des trains ne s'arrêteront pas à Bayonne. Les deux tiers restants s'y arrêteront, mais ce ne sera pas de la grande vitesse, compte tenu du crochet. D'autre part, certains feront escale à Mont-de-Marsan et/ou à Dax. Sachant que l'arrêt dans une gare LGV est évalué à 7 minutes, cela fait une perte de temps de 31 minutes [7+7+17, ndlr]. Le gain de la LGV devait être de 35 minutes entre Bordeaux et Bayonne, il ne sera plus que de 4 minutes».
J.G. : «Il faut savoir quelles sont nos ambitions après tout. Pourquoi pas, on a le droit de dire `Vivons entre nous' et l'affaire est dite. Le problème, c'est que le développement économique, l'emploi, la richesse d'un territoire, passent aujourd'hui par les infrastructures qui l'irriguent».
E. P.-B. : Sur le fait que les territoires non irrigués sont des territoires qui meurent, je suis d'accord. Le problème, c'est que le territoire qui sera irrigué par la LGV, ce sera la métropole de Bordeaux ! Pas les villes moyennes, comme Bayonne ! La LGV aspirera les emplois du tertiaire encore présents dans les villes moyennes. Le territoire français offre de nombreux exemples de ces villes moyennes qui périclitent car l'on supprime des arrêts, sinon la grande vitesse n'est plus...»
J.G. (concernant les préemptions dans le quartier de la gare et les hausses de loyers potentiels) : «Si vous laissez la bride sur le cou à la promotion privée, vous êtes morts».
E. P.-B. : «Vu que la gare de Bayonne ne sera qu'une gare de desserte, son aménagement multimodal est une affaire foncière. Nous serons attentifs à ce que les locataires que l'on fait partir actuellement soient relogés et qu'un vaste projet qui privilégie la mixité sociale soit intégré dans le futur PLH (PLAI, PLUS...).