lundi 31 mai 2010

Le Président de la CABAB promet de diviser par trois le bruit des trains !

Hubert du Mesnil a fait d'une pierre deux coups. Accueilli hier à Bayonne, le président de Réseau ferré de France a inspecté le chantier de rénovation de la ligne Bayonne, Cambo, Saint-Jean-Pied-de-Port, avant de faire escale au pied du pont Eiffel, celui en fer qui enjambe l'Adour dans la ville sous-préfecture, pour sceller d'une truelle de mortier la première pierre de son successeur.

18,5 millions d'euros. C'est ce qu'aura coûté la réhabilitation de la portion reliant Bayonne à Cambo. Un peu en arrière du cortège, l'ancien maire de la commune, toujours conseiller général, Bernard Auroy, confiait à qui voulait l'entendre, la façon dont la ligne avait été étouffée lentement par la SNCF. Pour exemple, le TER qui quittait la gare bayonnaise un quart d'heure avant l'arrivée du TGV…

Les temps ont changé, l'heure est à la réhabilitation. RFF, l'État, représenté sur le chantier par le préfet, Philippe Rey et le sous-préfet de l'arrondissement, Laurent Nuñez, la Région, avec son premier vice-président Bernard Uthurry, et le département ont chacun pris l'engagement de régler 25 % de la facture.
Fini le chant

Depuis le début de l'année, les TER diesel souffreteux ont été remisés au garage pour céder les deux fils de fer à d'énormes machines. Ces mastodontes déblaient le terrain (traverses en bois, rails, ballast) pour réinstaller des traverses monoblocs en béton, poser de longs rails soudés et un ballast gris bleuté tout beau tout neuf. La poésie ferroviaire, paraît-il, y perdra. Fini le « chant » métallique des roues sur la ferraille des voies qui battaient la mesure aux oreilles du voyageur. Certains le regretteront.

Chevelure blonde ramenée en arrière par un petit élastique rouge pour faciliter le port du casque de chantier, Sabine Gardeil (chef de projet pour la maîtrise d'œuvre d'Inexia) a également expliqué comment tous les antiques passages à niveau en béton ou bois ont été remplacés par le caoutchouc, beaucoup plus confortable et silencieux. « Leur durée dans le temps est également intéressante, a-t-elle précisé avant d'insister sur la sécurité du chantier. Tous les passages à niveau sont gardés par des agents PN. » Les premiers TER arriveront en gare dès le 1er juillet.
Première pierre

Jean Grenet, député maire de Bayonne, a reçu cette délégation au pied du pont de fer. Daniel Lasserre, directeur des opérations délégué pour le compte de RFF, a planté le décor de ce chantier spectaculaire. 275 mètres pour l'ouvrage principal jeté au-dessus du fleuve qui sera raccordé aux ponts de Mousserolles et Alsace-Lorraine. 40 millions d'euros.

« Nous réduirons le bruit par trois », a promis Daniel Lasserre. Les voisins apprécieront. Pour sa part, Jean Grenet a dit sa satisfaction de voir disparaître du paysage cet ouvrage pour le moins disgracieux. « Il n'y aura plus de cheminement possible pour les voitures, seule sera acceptée la circulation douce, a commenté l'élu. Ce n'est pas très inquiétant, j'ai eu des réactions mais pas trop. Ce n'est pas un ennui majeur. »

Le chantier se déroulera en quatre phases distinctes. Si le planning est respecté, tout sera terminé en juin 2013.

D'Hendaye à Bayonne les riverains mobilisés

Afin de nourrir le débat sur la LGV et la mobilité au Pays basque, des riverains de la ligne actuelle créent une association.

«Attention, nous ne sommes pas là prioritairement pour défendre notre pré carré mais pour fédérer ceux qui s'interrogent et faire avancer le débat ». Fraîchement élu président de l'association "Pour le futur de la voie ferrée Bayonne Hendaye", Franck Larcade prévient qu'il ne veut pas se contenter de défendre les milliers de personnes qui, comme lui, habitent le long de la ligne SNCF actuelle. « Bien sûr que nous souhaitons faire connaître l'avis de cette masse silencieuse. Mais on vise à participer à une réflexion plus globale sur l'utilisation future de cette double voie actuellement sous-utilisée. Derrière la LGV, c'est aussi toute la question de la mobilité au Pays basque qui est posée. »

Travaillant dans un cabinet d'architecte, ce Bidartar a décidé de se constituer en association avec d'autres riverains, suite à plusieurs débats auxquels il a assisté, notamment à Biarritz La Négresse. « Notre association est non politisée, indépendante et d'initiative citoyenne. On a la chance de compter dans nos rangs des spécialistes de l'urbanisme et même des transports », précise Franck Larcade.
Frappé par Bilbao

Ce dernier a vécu et travaillé pendant quinze ans à Bilbao et a observé la métamorphose de la ville du Guggenheim. « J'ai été frappé pendant cette période de voir comment nos voisins ont pris à bras-le-corps le problème du transport, en créant un réseau de tram train qui a changé la façon de se déplacer de milliers de personnes. À Bilbao, quand je partais au boulot en train en costard-cravate, je croisais régulièrement des surfeurs avec leurs planches qui quittaient le centre-ville pour aller prendre quelques vagues. Peut-on faire la même chose de Bayonne jusqu'à Guéthary ? En se braquant sur la création ou non d'une LGV, il me semble qu'une partie de l'opinion va à contre-courant des attentes de la majorité d'entre-nous. Comment transiteront les millions de tonnes de marchandises dans vingt ans ? Quelles seront les alternatives à la voiture pour les gens comme moi qui habitent, par exemple, Bidart et travaillent à Socoa. »

L'association qui vient de se constituer entend recueillir et faire connaître l'avis des habitants de la région sur l'usage futur de la ligne ferroviaire actuelle Bayonne-Hendaye ; donner une visibilité aux réflexions des riverains pour être des « interlocuteurs crédibles dans les débats futurs avec les autorités administratives, en particulier lors de l'enquête publique. »

« La ligne historique doit s'inscrire dans une logique de développement durable et relier le tissu urbain qui l'entoure au lieu d'accueillir fret et TGV. Cette ligne sera utile et complémentaire de la LGV. Il faut réfléchir à la réouverture des gares sur la ligne en créer d'autres et mettre en place un tram train », ajoute-t-il.

L'association a pour l'instant juste un email : pourlefutur@hotmail.fr

mercredi 12 mai 2010

La CCI de Bayonne frappée de "LGV-cécité"

La Chambre de Commerce et d'Industrie de Bayonne vient d'éditer (et mettre en ligne) son rapport économique annuel, "Le Pays Basque en chiffres - 2010".

Portée par son expertise la plus récente du milieu économique local (artisanat, tourisme, entreprises), le rapport annuel de la CCI de Bayonne s'appuie également sur des données fournies par l'INSEE (et son ultime recensement de 2007), ou encore quelques analyses transmises par des acteurs territoriaux tout ce qu'il y a de plus sérieux (Pôle Emploi, rapports ministériels).

Si la plupart des conclusions tend à décréter que le Pays Basque s'en sort plutôt bien face à la crise actuelle, la lecture des analyses se complique avec le chapitre "Liaisons ferroviaires".

Argument régulièrement brandi par son Président Jean-Marie Berckmans pour défendre le projet de LGV, le dynamisme des voies ferrées en Pays Basque est tout simplement incontestable, sa baisse d'activité ne passera pas par lui, et ce n'est pas une nouveauté.

"Malgré une croissance connue par la gare de Bayonne, une fréquentation globale en baisse", conclut une première fois le documents, page 20, où apparait le nombre de passagers montés et descendus à Bayonne, Biarritz, St Jean de Luz, de 2005 à 2009, grâce à un décompte officiel de la SNCF en début d'année 2010.

La "croissance de Bayonne vue par rapport à 2005" est sans doute la manière la plus sexy de présenter les choses, sans insister sur le fait que "comparaison n'est pas raison", et que, ramenés aux données de 2006, 2007 ou 2008, les chiffres de 2009 sont en fait les plus bas de cette période (-4% de perte entre 2008 et 2009)

De là à établir, dans le même esprit flambart, que le centre de fret d'Hendaye-Irun connait "une hausse de l'activité fret, avec 2,57 millions de tonnes", relève tout de même d'un exercice de haut vol, que le Président de la CCI assumera en bon chef d'escadrille.

Pour y parvenir ? Il faut juste faire apparaitre une comparaison entre les données fret de 2006 et de 2007... et s'en tenir là.

Il convient tout de même de rappeler que les chiffres officiels de la SNCF pour 2009 existent bien, et sont bien entendu dans les mains de la CCI.

Ces données figurent dans ce fameux décompte officiel de la SNCF qui fait apparaitre, une ligne en dessous du nombre de passagers pour 2009 (utilisé juste avant), le tonnage fret de la SNCF correspondant.

Et l'on peut y lire que, pour l'an passé, ce sont 1,12 millions de tonnes qui ont été traitées par la SNCF à Hendaye, soit une baisse de 56% par rapport à l'année référence 2006 choisie par la CCI.