mercredi 7 septembre 2011

Pays basque : pas de LGV avant une vingtaine d'années

Désormais liée à de nouvelles évaluations du trafic, la ligne à grande vitesse à travers le Pays basque pourrait ne pas être construite avant une vingtaine d'années.

La ligne à grande vitesse (LGV) entre Bordeaux et Bayonne ne devrait pas atteindre de sitôt la frontière espagnole, en tout cas en empruntant le Pays basque français. « La construction de cette ligne sera subordonnée à la constatation que les lignes actuelles approchent de la saturation », vient de déclarer à Bayonne Patrick Stéfanini, préfet de la région Aquitaine. Ce qui devrait considérablement retarder la réalisation de cette jonction avec le réseau ibérique.
Entendue peu de temps auparavant par le ministre chargé des Transports, Thierry Mariani, une délégation d'élus basques opposés à ce projet de LGV avait reçu des assurances identiques. L'hypothèse de tracé entre Bayonne et Biriatou, telle que l'envisage Réseau Ferré de France, leur a cependant été communiquée. Il s'agit d'une section de 35,6 km entre le sud des Landes et la Bidassoa comprenant 2,2 km de raccordements pour desservir l'actuelle gare de Bayonne.
Cheminant à une dizaine de kilomètres du littoral, cette voie traverse (au prix de 55 millions d'euros le kilomètre) le Pays basque intérieur et des paysages ruraux protégés via 8,3 kilomètres de viaducs et 13,5 kilomètres de souterrains. Une perspective qui hérisse les associations de défense de l'environnement et à laquelle s'opposent la plupart des élus locaux, ainsi que Michèle Alliot-Marie, députée UMP de la sixième circonscription des Pyrénées-Atlantiques.
« Pour sortir d'un dialogue de sourds avec les élus », selon les termes de Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'Ecologie, un « observatoire du trafic », composé d'élus, de représentants de l'Etat et de techniciens de RFF, va être mis en place. Objectif : parvenir à « un constat partagé » après des années d'études contestées et de contre-expertises. Ce n'est qu'à l'approche du seuil de saturation de la ligne classique entre Bayonne et Hendaye que les travaux d'une LGV seraient amorcés.
Saturation prévue en 2035
Pour autant, les études de tracé se poursuivent, « sans avoir à faire des sondages ». Si bien qu'après la concertation qui s'engage aujourd'hui avec les élus, le tracé pourrait être approuvé par le gouvernement en 2012, avant une enquête publique en 2013 et une déclaration d'utilité publique l'année suivante.
D'abord prévue pour 2020, la saturation de la voie existante n'est désormais plus envisagée qu'en 2035. Elle dépend de l'état du trafic fret avec l'Espagne, lequel devrait croître avec l'arrivée, côté frontière espagnole, du « Y basque » annoncée pour 2017-2018. Ce réseau ferroviaire mixte (voyageurs et marchandises) à écartement européen prolongera les lignes à grande vitesse qui relient aujourd'hui les métropoles ibériques. Il permettra notamment de charger des camions sur des wagons.

PIERRE ETCHELEKU, Les Echos

La gare centrale de Bayonne, aménagée et agrandie, sera la gare principale au niveau du Pays Basque. Y compris pour le trafic international”

Les élus basques anti-LGV rejettent le dernier tracé présenté par RFF

08/09/2011
P.M.
Au nom des trois Communautés de communes Nive-Adour, Errobi et Sud Pays Basque, Roland Hirigoyen a exprimé lundi la position des élus basques anti-LGV concernant la dernière hypothèse de tracé : “RFF préconise un tracé qui comporte finalement moins de 35 % de tunnel, alors que les chiffres annoncés il y a quelques années faisaient état de 60 à 80 %. Il y a également énormément de viaducs. Le nombre de maisons détruites ne tient pas compte de toutes celles qui seront situées sous les viaducs ou à côté des tunnels. Avec le trafic de fret, ça nous interpelle encore plus”.
La ligne nouvelle, d’une longueur de 35,6 km au Pays Basque Nord, emprunterait précisément 16 viaducs (8,3 km) et 14 tunnels ou tranchées couvertes (13,5 km, dont 12 km de tunnel). La destruction de bâti se chiffrerait à “41 bâtis sous l’emprise du projet” (13 à Arcangues, 7 à Urrugne, 6 à Biriatou et Mouguerre, pour les communes les plus affectées) et “22 à 25 bâtis à proximité” de la voie.
Aucune “gare LGV” ne jalonnerait le parcours. Vendredi, lors de la présentation de cette hypothèse de tracé, M. Maudet (RFF) a cependant précisé : “La gare centrale de Bayonne, aménagée et agrandie, sera la gare principale au niveau du Pays Basque. Y compris pour le trafic international”. Mais une gare en crochet : “Il y aura un raccordement nord par Bénesse-Maremne et un autre au sud de Bayonne”. Vers Lahonce, au croisement avec la ligne actuelle Bayonne-Puyoo-Pau.
Par ailleurs, hier, lors de fêtes d’Urrugne, le comice agricole a été l’occasion pour les agriculteurs d’afficher leur opposition à la LGV